Historique

La Congrégation des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul
au service de l’orphelinat, de l’école Saint-Vincent-de-Paul, de la Maison Saint-Augustin et des citoyens enghiennois
Jacques DELAUTRE

Origines de la congrégation
Vincent de Paul (1581-1660) institue à Paris les Filles de la Charité en novembre 1633 et confie leur formation à Louise de MARILLAC (1591-1660). Les jeunes femmes qui la rejoignent se destinent à assurer le service corporel et spirituel des pauvres, à soigner les malades, à donner les premiers rudiments d’alphabétisation aux plus démunis.
La congrégation ainsi fondée est une congrégation religieuse féminine catholique. Il s’agit d’une société de vie apostolique de droit pontifical. Les religieuses de Saint Vincent de Paul ont obtenu d’échapper à la règle de la clôture. Pour les fondateurs, leur monastère serait la cellule des malades et leur cloître les rues de la ville ou les salles des hôpitaux, des orphelinats, des écoles.

Vincent de Paul et Louise de Marillac, fondateurs des « Filles de la Charité »
Aujourd’hui, les Filles de la Charité ou Sœurs de Saint-Vincent de Paul forment le groupe de religieuses le plus important du catholicisme. Elles sont présentes dans plus de 90 pays. Elles se consacrent au service des malades, à domicile ou dans les hôpitaux, aux soins aux personnes handicapées, aux orphelins, aux personnes âgées dans les maisons de retraite, aux foyers pour femmes et enfants en difficulté, et bien sûr à l’enseignement.
En ce qui nous concerne, les Sœurs de Gijzegem portent le nom complet de « Sœurs de Saint-Vincent de Paul, « Servantes des pauvres » de Gijzegem.
La Congrégation a été fondée le 21 janvier 1818 par la baronne Elisabeth de Robiano. Seules les Sœurs de Saint-Vincent de Paul de Gijzegem suivent les règles de vie établies par saint Vincent de Paul en 1655, qui ensuite ont été transmises aux Filles de la Charité en 1672 : Vivre en Simplicité, Humilité et Amour. Les sœurs sont principalement engagées dans le domaine de la spiritualité, de l’éducation et des soins de santé, chacune avec une attention particulière pour les plus pauvres des pauvres. La congrégation s’est peu à peu transformée en congrégation internationale. Aujourd’hui, il y a environ 260 sœurs de Gijzegem dans 57 communautés religieuses réparties dans 7 pays. L’Administration générale (le généralat) est située à Gijzegem en Belgique, le berceau de la congrégation. Aujourd’hui, vu le nombre décroissant de vocations et l’âge moyen élevé des Sœurs, plusieurs activités en Belgique ont été délibérément réduites. A l’exception de trois sœurs responsables de l’hospitalité de la Vierge des Pauvres à Banneux, toutes les religieuses belges résident à Gijzegem où l’accent est mis sur le travail pastoral, les soins aux sœurs et la solidarité avec les sœurs étrangères.

Le couvent de Gijzegem (Alost) sur le site « Robiano »

Leur présence à Enghien (1841-1997)
C’est en 1841 que Monseigneur Labis, évêque de Tournai, fait appel aux Sœurs de Gijzegem afin de se dévouer à l’Orphelinat d’Enghien, institution du 17e siècle, sous le patronage d’Anne de Croÿ, épouse du prince-comte Charles d’Arenberg. Deux religieuses, sœur Basilienne BAUTERS et sœur Chantal BRUGGEMANS, arrivent le 3 décembre 1841. L’abbé Jean-Baptiste HUART, doyen d’Enghien, se porte à leur rencontre à Hal et leur offre l’hospitalité. Le Bureau de Bienfaisance de la ville leur procure un logement provisoire à l’hôpital Saint-Nicolas situé alors à la rue des Augustins. Peu après, elles s’installent à l’Orphelinat, à la rue du même nom. Les Sœurs assument en outre les soins matériels des garçons. En 1844, le 20 août, un nouveau dévouement est demandé aux religieuses : la prise en charge de l’Hospice des dames âgées. A la requête de M. Bruneau, président de la Commission administrative, et de M. E. Choppinet, deux autres Sœurs viennent les y aider. Un an plus tard, M. Bruneau sollicite encore les Sœurs pour fonder un Asile, c’est-à-dire une école pour les enfants pauvres. La première classe se tient d’abord au Béguinage. Sœur Marie des Anges, née Rhodes, en est la première maîtresse. En 1846, les Sœurs sont déchargées du soin des personnes âgées ; celles-ci sont confiées aux Sœurs de Champion. Le 27 décembre 1847, l’Ecole des Sœurs de Saint-Vincent de Paul s’ouvre au n° 8 de la rue des Orphelins. 150 enfants à partir de l’âge de trois ans peuvent y être admis. En 1848 sont inaugurés de nouveaux locaux construits grâce à la générosité des pouvoirs publics et plus particulièrement de la Duchesse Ludmilla Lobkowicz (Prague 1798 – Bruxelles 1868), seconde épouse du Duc Prosper d’Arenberg. Une épidémie de choléra frappe Enghien la même année. Les Sœurs accueillent chaque jour 200 enfants, les gardent et leur servent une soupe fortifiante. Elles se dévouent sans compter aux soins des cholériques, avec humilité et amour, appliquant ainsi leur règle de vie. A la demande de M. Félix Choppinet, bourgmestre, elles secourent les prisonniers de droit commun de passage, en convoi, à Enghien. En 1852, elles sont déchargées du soin matériel des orphelins, confiés désormais aux Frères des Ecoles chrétiennes nouvellement arrivés à Enghien.

Un tournant en 1879 : A la demande du clergé, les Sœurs ouvrent des classes payantes gardiennes et primaires au 22, rue de Sambre. Les locaux sont mis gracieusement à la disposition des Sœurs par le prince Charles d’Arenberg, fils du Duc Prosper et de la Duchesse Ludmilla, et son épouse Julie Hunyady de Kethley, princesse hongroise. En 1881, les braves Sœurs de Gijzegem reprennent les soins des personnes âgées jadis confiées aux Sœurs de Champion. Le nombre d’enfants augmentant, deux nouvelles classes sont construites à la rue de Sambre aux frais des Sœurs en 1890. En 1895, la façade du bâtiment sis 22 rue de Sambre est transformée et des dépendances sont construites. Grâce à la générosité d’Auguste Hubert Delannoy (Enghien ° 19.09.1830 † 25.10.1917, conseiller communal de décembre 1875 à 1901, époux de Constance Marie Thérèse Walravens de Marcq, cette dernière étant la tante de Mgr Walravens évêque de Tournai, père de Pierre Hubert Delannoy ancien bourgmestre), la cour est agrandie et entourée d’un mur. Deux ans plus tard, en 1897, les bâtiments sont agrandis par un étage composé de deux grandes salles pour y installer une section professionnelle pour jeunes filles : arts ménagers, coupe-couture et cours généraux.

Au cours de la guerre 1914-1918, les Allemands occupent pendant 18 mois les locaux du 22 rue de Sambre. A leur départ, ils les laissent dans un état lamentable. La Congrégation les restaure à grands frais et en devient propriétaire, les biens ayant appartenus aux d’Arenberg étant mis sous séquestre. Entre 1913 et 1926, outre leur mission d’enseigner, les Sœurs s’occupent aussi de 24 femmes âgées au 8 de la rue des Orphelins, 15 à 20 orphelines au 10 de la même rue et 10 à 12 vieillards au 12. Au cours de cette période, l’Hospice et l’Orphelinat sont fermés en raison de l’intervention insuffisante de la Commission d’Assistance Publique (C.A.P.). De 1926 à 1948, l’école prospère : certaines classes sont dédoublées. Cette prospérité nécessite la construction de plusieurs locaux sous la direction des Sœurs Marie Théodore (supérieure de 1941 à 1947) et Ildefonse (supérieure de 1947 à 1959). En 1950, les écoles primaires gratuites et payantes fusionnent à la rue de Sambre sous le nom d’Ecole Saint-Vincent de Paul. La même année, sous la présidence du Chanoine Arthur VAN NUFFEL, principal du Collège St-Augustin, un Comité Organisateur se constitue pour créer une section d’Humanités destinée aux jeunes filles. Elle deviendra la section féminine du Collège St-Augustin, une nouveauté dans les Collèges épiscopaux de Belgique. Ce sont là les premiers éléments d’une école moyenne libre pour jeunes filles. Les Sœurs l’organisent momentanément à la rue de Sambre, sous la direction de Sœur Elisabeth COLLIN qui prend en charge les cours de français ; Sœur Suzanne enseigne les langues germaniques et Sœur Liberta les cours de mathématiques ; Mlle Anne-Marie Ramet assure les cours d’éducation physique ; quant aux autres cours, c’est aux prêtres du Collège de les donner. Les deux premières années comptent 25 élèves. Entre 1951 et 1953, d’autres cours de la section moyenne se donnent provisoirement dans les locaux aux 1er et 2ème étages du bâtiment du Béguinage avant de revenir à la rue des Orphelins n° 8. A cette même époque, le Collège reprend la tutelle pédagogique de l’Institut Albert Ier suite au départ des Frères des Ecoles chrétiennes. Sœur Agnès du Sacré-Cœur est détachée à l’Institut pour y créer la première section gardienne. En 1954, les Sœurs ouvrent un internat pour jeunes filles dans les locaux des Sœurs noires à la rue de la Fontaine n° 16 dénommé « Internat Sainte-Agnès ». En 1956, Sœur Elisabeth Colin est remplacée par Sœur Marie de la Trinité. L’année scolaire débute avec 64 élèves dont 16 internes.

1957 représente encore une date pivot dans l’histoire éducative à Enghien. L’école moyenne professionnelle est restructurée en une section professionnelle proprement dite (4 années d’études) et une section technique arts ménagers et habillement (3 années). Désormais l’école professionnelle et technique porte le nom d’Institut Saint-Vincent de Paul sous la direction de Sœur Ildefonse qui sera admise à la pension en 1965 et remplacée par Sœur Célina jusqu’en 1968, puis par Sœur Marie de la Trinité en 1968. Entre 1957 et 1960, la Communauté de 14 religieuses déménage du 10 rue des Orphelins au 7 rue des Augustins. Les Pères Jésuites de France occupaient l’ancien couvent des Augustins. Leur retour au pays libère ainsi les bâtiments de l’ancien Collège que le principal Van Nuffel s’empresse d’acquérir avec l’appui du Doyen Vincart, de M. Yves Delannoy pour les transactions juridiques, de MM. A. Wibail, Weverbergh et Ch. Isaac. C’est donc dans les locaux abandonnés par les Jésuites que les Sœurs s’établissent jusqu’à leur départ définitif en 1997. Les Humanités, l’internat et les classes techniques et professionnelles s’y installent progressivement. La section des Humanités a pour dénomination spécifique « Maison Saint-Augustin ».

Deux implantations donc : l’école Saint-Vincent de Paul à la rue de Sambre et la Maison Saint-Augustin, de même que l’Institut Saint-Vincent de Paul, à la rue des Augustins.
A la rue de Sambre n° 22, l’école maternelle et primaire évolue bien. En 1965, le bâtiment est démoli, puis reconstruit : locaux plus spacieux, mieux éclairés, plus confortables. Les nouveaux bâtiments sont inaugurés en 1967 ; 4 classes gardiennes et 6 classes primaires s’y tiennent. Un pavillon des Maternelles est ajouté en 1975.

L’école de la rue de Sambre
Suite à la diminution des vocations religieuses dans la Congrégation, la direction de l’école gardienne et primaire de la rue de Sambre est confiée en 1978 à Melle Simone BOCKSTAEL qui continue ainsi l’œuvre fondée par les religieuses dans l’esprit de saint Vincent de Paul. En 1988, c’est au tour de M. Jean Paul BELLIN d’assurer la direction de l’établissement. A son départ à la retraite, ce dernier sera remplacé successivement par Mme Simone LEFEVRE-DENIS, M. Benoît RENAUX et Mme Annick SIMON. Entre-temps, l’expansion des écoles maternelles et primaires libres de la paroisse d’Enghien nécessite le transfert des élèves de 5ème et 6ème primaires vers un autre site, à la rue du Viaduc, à l’emplacement du Patro des garçons. Ainsi est bâtie en 2008-2010 une nouvelle école appelée Ecole Saint-Nicolas .

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